Où en est le tennis français ? Les années 2000

Pendant deux semaines, vos Déchaînés préférés vont vous proposer chaque jour leur regard sur les joueurs français, leur carrière, leurs succès, leur actualité et leur dynamique. Aujourd’hui, focus sur le début du millénaire et la transition avec nos fameux “Mousquetaires”. 

Depuis près de quinze ans, le tennis français a été principalement représenté par ceux que l’on appelle les quatre “Mousquetaires“ : Gaël Monfils, Gilles Simon, Richard Gasquet et Jo-Wilfried Tsonga. Ils ont su prendre la relève de la génération Pioline, Grosjean et autres Clément, elle qui avait mené le tennis français vers les sommets de la hiérarchie mondiale. Leurs performances leur avaient permis d’atteindre à plusieurs reprises le dernier carré en Grand Chelem, mais ils ne sont jamais parvenus à gravir la dernière marche, celle qui leur aurait permis d’entrer dans l’histoire. Malheureusement pour eux, les “Mousquetaires” ont connu le même problème au cours de leur carrière respective. Et on le leur a souvent reproché.

Comme l’avait justement souligné Stanislas Wawrinka au cours d’une interview il y a quelques mois, les supporters français ont été mal habitués par nos “Mousquetaires”. Quasi-systématiquement en deuxième semaine de Grand Chelem pendant près de dix ans, régulièrement dans le Top 10 pendant le même laps de temps, on a souvent mis en avant le fait qu’ils n’avaient jamais réussi à gagner un Grand Chelem plutôt que de mettre en lumière la stabilité et la régularité du tennis français au très haut niveau. Hormis l’Espagne, aucune nation n’a eu autant de représentants dans le Top 20 sur les deux dernières décennies. Aujourd’hui, on commence à comprendre qu’au lieu de leur faire leur procès, nous aurions dû plus profiter de cette génération dorée. Car en 2019, en dehors de Gaël Monfils qui su jouer le rôle de l’arbre qui cache la forêt, le tennis tricolore a connu une année noire et la dynamique n’est clairement pas positive.

 

Début du XXIème siècle : la traversée du désert

© Gettyimages

 

Performants à la fin des années 1990 jusqu’au début des années 2000, les joueurs français avaient connu une véritable période creuse par la suite. Quelques exemples ci-dessous :

  • Finaliste à l’Open d’Australie en 2001, Arnaud Clément n’avait jamais réussi à retrouver une qualité de jeu similaire à celle qui lui avait permis de toucher du doigt l’objectif ultime de tout tennisman. Après cette finale, il avait passé la majorité de sa carrière en dehors des 40 premiers joueurs mondiaux.
  • En 2001, Grosjean avait remporté les Masters Series à Bercy, avait été finaliste au Masters, demi-finaliste à deux reprises en Grand Chelem, en Australie et à Roland, et avait fini la saison à la sixième place mondiale. Neuf ans plus tard, lorsqu’il prendra sa retraite, le tricolore aura atteint à deux reprises une demi-finale à Wimbledon, remporté seulement deux titres ATP 250 et n’aura plus jamais figuré parmi le Top 8 mondial. Lors de la seconde partie de sa carrière, il ne réussira plus à faire frissonner le public français comme il avait su le faire lors de sa saison exceptionnelle en 2001.
  • Top 10 en 1993, Cédric Pioline avait connu une seconde carrière à la fin des années 90′. Titré à Monte-Carlo en 2000 et ancré dans le Top 20 entre 1998 et 2000, il avait mis un terme à sa carrière en 2002, après deux années durant lesquelles il aura tenté de se relancer, sans réussite.
  • Dans une moindre mesure, Santoro, Escudé et Llodra ont montré de belles choses sur le circuit sans jamais réussi à s’immiscer dans le Top 10. Les deux premiers cités ont atteint le 17ème rang mondial en 2000 et 2001, le troisième réussissant seulement à approcher le Top 30.
  • Intercalé entre la génération Clément/Grosjean et celle des Mousquetaires, Paul-Henri Mathieu nous avait laissé entrevoir de belles promesses. Solide des deux côtés, et capable de réaliser de gros matchs, il était censé prendre la relève du tennis français. Seulement, son corps ne lui aura jamais permis d’exploiter tout son potentiel.

 

Des espoirs vains

© Francetvsport.fr

 

Au milieu des années 2000, le tennis français se veut optimiste et voit en la nouvelle génération une réelle opportunité de s’imposer comme une nation phare au plus haut niveau. Très talentueux et compétitifs très jeunes à l’exception de Simon, les “Mousquetaires” avaient atteint les première et deuxième places mondiales. Monfils, Gasquet et Tsonga avaient alors respectivement gagné trois, deux et un Grand(s) Chelem(s) sur le circuit Junior, et avaient pour principal objectif de continuer à placer la barre très haut. 

Si l’on a cru énormément en Gasquet, Monfils, Tsonga et Simon, ils ne sont aujourd’hui plus de jeunes premiers. Âgés entre 33 et 35 ans, ils sont maintenant au crépuscule de leur carrière et ne peuvent, au mieux, qu’espérer prolonger l’aventure de quelques mois ou années. Si on a, à raison, vu en eux des futurs vainqueurs de Grand Chelem, ils n’ont malheureusement pas su, ou pu, aller aussi loin que nous l’espérions. Bloqués aux portes de la finale, ou battus en finale, nos mousquetaires nous ont continuellement fait rêver. Voici quelques souvenirs :

  • Gasquet, en 2007, alors âgé de 21 ans, affrontait Federer dans son jardin, en demi-finale de Wimbledon. Même si le suisse était alors le Maître incontesté du tennis mondial, d’autant plus à Londres, le talent et l’insouciance du jeune français nous laissaient espérer un exploit retentissant. Mais, la marche était un peu trop haute. 
  • En 2008, Tsonga, 23 ans, avait fait enthousiasmé la planète tennis. Il avait fait rêver les français contre Nadal en demi-finale puis face à Djokovic en finale de l’Open d’Australie. Mais une nouvelle fois, l’écart était un peu trop grand entre le français et le futur numéro 1 mondial.
  • Aussi en 2008, en demi-finale à Roland-Garros, porté par toute un peuple et face à Roger Federer, on croyait Monfils capable d’aller chercher un nouveau titre en France, 25 après le dernier de Noah. Là encore, le tennis tricolore s’est cassé les dents sur plus fort que lui. Dernièrement, à l’US Open, “la Monf’” nous a laissés croire à un autre exploit lorsqu’il était parvenu à se hisser jusqu’en quarts de finale. Mais face à Matteo Berrettini dans la forme de sa vie, la dynamique et la combativité de l’italien eurent raison du francilien, en cinq sets.

 

En face, trois ovnis

© Rtbf.be

 

Malheureusement pour les supporters français, ces défaites durant les grands matchs pèsent comme une malédiction au dessus des joueurs français. En janvier dernier, Lucas Pouille a lui-aussi eu l’opportunité de marquer de son empreinte l’histoire du tennis français en se hissant jusqu’en demi-finale de l’Open d’Australie. Après avoir bénéficié d’un tableau très abordable, le jeune français de 25 ans s’était alors confronté à un mur en la personne de Djokovic, qui l’avait balayé en trois manches. Et c’est là que le bât blesse, mais pour n’importe quelle nation : les trois extra-terrestres du tennis sont tellement forts que les battre relève de l’exploit, voire du miracle. Et dire que voir un français soulever un titre du Grand Chelem aurait été une surprise serait un euphémisme à l’époque où les trois plus grands joueurs de l’histoire sont toujours sur le circuit. En quinze ans, le peu de fois où un Grand Chelem n’a pas été remporté par le Big Three, ils l’ont été par des joueurs ayant joué le tennis de leur vie, et d’une autre catégorie. En tout, ils sont  quatre : Juan Martin Del Potro en 2009, Marin Cilic en 2014, Stanislas Wawrinka à trois reprises tout comme Andy Murray.

 

Il ne faut donc pas regretter l’absence de titres majeurs de nos joueurs mais plutôt souligner le fait qu’ils ont su challenger et coexister avec les trois monstres de notre sport. En dehors de nos cadors français, d’autres joueurs, plus « marginaux » et moins exposés médiatiquement, ont su travailler dans l’ombre pour se montrer compétitifs. Pour certains, par moments, ils ont même été meilleurs que nos mousquetaires. Et même s’ils n’avaient pas le talent des quatre autres têtes d’affiche du tennis tricolore, ils ont réussi à tirer leur épingle du jeu pour, eux-aussi, se faire une place au sein de la famille du tennis français.

Demain, nous continuerons la série avec un article sur Gilles Simon. Avec Les Déchaînés, Libérez votre jeu !


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